Le but ultime de toute entreprise est de créer de la valeur, afin d'accroître les profits, la satisfaction des clients, mais surtout d’assurer sa pérennité sur le long terme.
L’économie française est aujourd’hui très largement dominée par sa valeur immatérielle.
À quoi correspond-elle ?
Quel est l’impact d’une politique RSE sur le patrimoine immatériel de l’entreprise ?
Le capital immatériel, la plus grande richesse de l’entreprise
2/3 des investissements totaux sont immatériels selon le ministère de l’Économie ;
86 % de l’économie française est immatérielle selon la Banque Mondiale ;
75 % de la valeur des entreprises du CAC40 en 2018 repose sur l’immatériel.
Ces quelques chiffres soulignent l’importance du capital immatériel au sein de l’économie en France.
Appelé également actifs immatériels en analogie avec les actifs corporels et incorporels comptables, ce capital représente une richesse remarquable pour l’entreprise, au service de sa performance et sa compétitivité.
Le parallèle avec la comptabilité ainsi fait, une définition courante du capital immatériel peut se résumer à « toute la richesse de l’entreprise qu’on ne lit pas dans le bilan. » (Source Goodwill Management)
La valeur d’une entreprise ne correspondrait-elle pas aux données purement comptables issues du bilan ? On parle pourtant d’actif net comptable, qui correspond à la valeur de l’entreprise, par différence entre ce qu’elle possède (l’actif) et ce qu’elle doit (le passif : les dettes et capitaux propres). Mais cette méthode de calcul dite « patrimoniale » est très critiquable (et critiquée), car elle ne repose que sur des données passées et non sur la valeur future de l’entreprise.
Que vaut alors réellement une entreprise ? À quel prix un acheteur potentiel est-il prêt à l’acquérir ? Dans les faits, à un prix nettement plus élevé que le montant de son actif net comptable…
La valeur immatérielle est donc la différence entre la valeur comptable et la valeur « du marché » d’une entreprise. Cet écart, appelé aussi « goodwill » ou « survaleur », représente l’excédent de valeur sur la somme des actifs corporels et incorporels inscrits au bilan.
Après la comptabilité, passons à la physique pour mieux appréhender la notion de valeur immatérielle. Selon Alan Fustec, président fondateur de Goodwill-management, cabinet de conseil spécialisé dans le goodwill, la valeur d’une entreprise peut se décomposer en trois phases :
la phase liquide (les actifs circulants) ;
la phase solide (les immobilisations) ;
la phase gazeuse (les actifs immatériels).
Le bilan comptable classique ne présente que les phases liquide et solide d’une entreprise. Pour rester dans la comparaison thermodynamique, l’enjeu majeur de tout dirigeant est alors de valoriser le gaz ambiant et de le transformer en liquide (en cash) et en solide (en investissements).
Mais de quoi est constitué ce gaz ?
Quelles sont les composantes du capital immatériel ?
Les composantes du patrimoine immatériel
Le capital immatériel se décompose généralement en une dizaine d’actifs, regroupés en trois grandes catégories :
1. Le capital humain : « l’Homme dans l’entreprise »
Il s’agit des compétences, de la motivation, de l’expérience, de la formation du personnel, mais aussi de son comportement, du climat ambiant, de la culture d’entreprise, etc.
2. Le capital structurel : « Tout ce qui reste dans l’entreprise à la fin de la journée»
qui comprend :
le capital organisationnel : management, communication interne…
le capital de marque : réputation, notoriété…
le système d’information : gestion des données…
la capital de savoir : brevets, innovations, propriétés intellectuelles…
3. Le capital relationnel : « Tout ce qui relie l’entreprise à son environnement »
qui comprend :
le capital clients : fidélité, solvabilité, portefeuille…
le capital actionnaires : confiance, réserve, influence…
le capital partenaires : banque, collaboration, réactivité, fiabilité…
le capital environnemental : abondance et qualité des ressources naturelles…
le capital sociétal : climat social, sécurité…
La valeur d’une entreprise repose donc sur ses actifs matériels et immatériels. La part gazeuse immatérielle représente désormais une part prépondérante dans la création de richesse de l’entreprise. Elle n’est pas mesurée en comptabilité classique, mais cet enjeu primordial est de mieux en mieux valorisé.
La RSE un levier pour valoriser le capital immatériel
Pour les grands groupes, la communication de données, telles que le patrimoine immatériel, est rendue obligatoire au travers du reporting extrafinancier par exemple.
Cependant, de plus en plus de TPE/PME intègrent désormais dans leur stratégie de création de valeur la notion d’actifs immatériels.
L’Ordre des Experts Comptables encourage ainsi les PME à suivre et piloter ces composantes grâce à des indicateurs leur permettant de :
mieux communiquer sur leurs actifs immatériels ;
avoir une image la plus juste possible de la valeur de leur entreprise ;
développer des outils de gestion de leur performance sur le long terme.
Mais quel est le lien avec la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ?
La mise en œuvre d’une démarche RSE au sein d’une entreprise formalise son engagement dans le respect des principes du développement durable, tant sur le plan environnemental que social.
Outre la satisfaction d’obligations réglementaires, il s’agit surtout d’« investir “davantage” dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes » (selon le Livre Vert — Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises de la Commission Européenne publié en 2001).
Le constat est là : ces parties prenantes à la RSE (collaborateurs, clients, fournisseurs, actionnaires ou acteurs du territoire) coïncident bien avec les actifs immatériels vus précédemment.
Grâce à la RSE, l’investissement dans ces ressources, souvent rares et/ou fragiles du capital immatériel, permet d’augmenter la valeur globale de l’entreprise.
L’interaction entre la mise en place d’une RSE et le développement du patrimoine immatériel est très forte.
Les pratiques issues de la démarche et le pilotage des indicateurs de suivi impactent positivement les diverses composantes du capital, par exemple par :
des produits plus appréciés et plus responsables suite à une meilleure relation client et la prise en compte de leurs besoins ;
une réduction des coûts du travail suite à la mise en place d’une politique santé et sécurité au travail ;
une réduction des coûts énergétiques en construisant des bâtiments moins consommateurs en énergies ;
une amélioration de la réputation et une augmentation des parts de marché ;
une meilleure réponse aux appels d’offres…
La démarche RSE est bien un levier de création de valeur.
Il est cependant difficile de chiffrer le retour sur investissement de cette seule action sur la rentabilité. En revanche, des engagements irresponsables ou non éthiques envers ses parties prenantes seront systématiquement source de destruction de valeur immatérielle à terme : image de marque altérée, climat social tendu, relations conflictuelles avec les fournisseurs…
La démarche RSE préserve, et mieux encore améliore, la valeur gazeuse de l’entreprise.
Conclusion
RSE et valeur immatérielle de l’entreprise sont donc intimement liées.
Elles permettent la maîtrise de la valorisation de l’entreprise, enjeu majeur, notamment en temps de crise.
Grâce à une politique RSE aboutie, le suivi et la gestion optimale du patrimoine immatériel permettent de piloter les ressources rares de l’entreprise et de mieux préparer l’avenir.
Laissons le mot de la fin à Alan Fustec : « Le management du futur intégrera donc à la fois la RSE (agir bien) et le management du capital immatériel (avoir de bons actifs). »
L’équipe Foresteam
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