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Quel est l’impact de mon entreprise sur la biodiversité ?

Dernière mise à jour : 30 janv.


La biodiversité - l'ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils évoluent - est aujourd’hui menacée par la pression de l’activité humaine, notamment l’activité économique.



Pour les entreprises, les bienfaits de la biodiversité et des services écosystémiques sont considérables, mais leur valeur est sous-estimée ou non prise en compte dans la stratégie. Seule une minorité d’organisations explicitent leurs dépendances vis-à-vis de la biodiversité et les pressions ou impacts qu’elles exercent sur cette dernière.


La mesure réelle de cet impact est compliquée et sous-entend l’existence d’indicateurs utilisables en termes comptables.


Alors, comment se faire une idée simple de l’impact de son organisation sur l’environnement afin d’en mieux comprendre les enjeux pour l’avenir ?




Le paradoxe de la biodiversité


Même si, comme l’affirme l’expert Sylvain Boucherand : “la biodiversité est partout, par tous et pour tous, c’est le tissu vivant de notre planète et notre assurance vie” ; l’homme et les entreprises entretiennent un rapport paradoxal avec leur environnement.


D’une part, la nature leur fournit de multiples services : aliments, matériaux de construction, combustibles, eau potable ou de manière plus poétique, la beauté de certains paysages.


Et d’autre part, hommes et entreprises exercent une pression négative sur la biodiversité en surexploitant certaines ressources ou en rejetant des déchets et des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.


La biodiversité est donc rarement identifiée comme un risque par les entreprises. Pourtant ce fragile équilibre, si indispensable à la vie, est gravement mis en danger par l’activité humaine : artificialisation des sols, intensification des pratiques agricoles, augmentation des échanges commerciaux, pollution sont autant de menaces croissantes pour la biodiversité.


Selon le site spécialisé novethic.fr, “55% du PIB mondial dépend de la bonne santé de la biodiversité”. On estime même que le recul mondial de la biodiversité est le plus grand risque systémique du siècle en cours.

Les causes sous-jacentes de l’érosion de la biodiversité sont bien-sûr de nature socio-économiques. L’homme fragilise ou détruit petit à petit ce qui pour l’instant semble assurer le bien-être de son espèce et le développement de l’économie mondiale.



L’entreprise et ses liens avec la biodiversité - (source : Les cahiers du développement durable)




De la difficulté de mesurer l’impact de l’activité économique sur la biodiversité


Mesurer l’impact d’une activité économique sur la biodiversité est un exercice délicat.


Des indicateurs universels ?

D’une part, cela supposerait de décortiquer méticuleusement toute la chaîne de valeur d’une organisation afin d’identifier les externalités négatives à chaque étape du cycle de production.


D’autre part on sous-entend l’existence d’indicateurs d’impacts chiffrés, agrégés et intégrables à un système de comptabilité d’entreprise ; comme par exemple la “tonne équivalent CO2” qui est devenue un étalon de mesure des gaz à effet de serre.


Impact local, conséquences globales.

Choisir de mesurer l’impact d’une entreprise sur un nombre défini et géolocalisé d’espèces animales et/ou végétales est une démarche logique, mais qui manque de cohérence car l’impact de nos activités à des conséquences globales sur l’ensemble de la chaîne alimentaire et donc sur la biodiversité.


Ainsi, de nombreux impacts n’ont pas lieu sur le territoire national mais via les

importations de certaines ressources exploitées ailleurs dans le monde : la destruction de la forêt amazonienne dont un des objectifs est l’augmentation de la production bovine à destination de l’Europe est des Etats-Unis en est une excellente illustration.





Quelle est la valeur de la biodiversité ?


Alors, est-il même souhaitable de donner une valeur à la biodiversité pour mesurer l’impact négatif des acteurs sur cette dernière ?


L’exercice a été tenté par des ONG et plusieurs organismes d’assurance. La plupart du temps on définit une valeur en fonction des apports d’une espèce à l’économie comme, par exemple, les abeilles pour la pollinisation des cultures. On parle de “services rendus”.


D’autres essais ont été tentés pour donner une valeur vénale directement liée à une espèce. En particulier aux Etats-unis où des espèces ont été “monétisées” pour permettre à des organismes de protection de réaliser des aménagements proportionnés pour contrebalancer un impact négatif.


Toutes ces mesures restent imparfaites - parce que non transposables - même si on peut en saluer l’initiative.





Prise de conscience et outils de mesure.


Pour sensibiliser les acteurs de l’économie au sujet de la dégradation de l’environnement, il faut pourtant mettre à disposition des indicateurs simples dont l’interprétation serait possible dans la vie courante.


Pour définir un étalon de mesure commun et que l’on peut facilement s’approprier, nous avons choisi 3 approches :


1/ La méthode mise au point par The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB) for Business and Enterprises est une initiative internationale dont les travaux ont été précurseurs dans l’évaluation économique des services écosystémiques et l’analyse monétaire des externalités pour les entreprises. Ils ont permis une première prise de conscience de l’importance économique des services délivrés par les écosystèmes naturels et du coût induit si ceux-ci venaient à disparaître.


Dans une étude de 2008, la perte de richesse due à la dégradation des services écosystémiques à horizon 2050 est évaluée à 6% du PIB mondial (soit 12 000 milliards d’euros).



2/ La seconde méthode, celle du “Groupe de haut niveau sur l’évaluation mondiale des ressources pour la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2020” a calculé qu’il faudrait dépenser jusqu’à 0,5% du PIB mondial, tous les ans, pour inverser la tendance actuelle de perte de biodiversité, c’est à dire compenser l’érosion de la biodiversité. Cela revient à mobiliser entre 150 et 440 milliards de dollars chaque année.



3/ Le modèle GLOBIO, quant à lui, mise sur une méthodologie innovante permettant aux entreprises, tous secteurs confondus, de quantifier leurs impacts sur les écosystèmes via un indicateur synthétique intégrable à leur système de comptabilité traditionnel. Le Global Biodiversity Score (GBS). Une analyse quantifiée de l’empreinte des entreprises sur la biodiversité le long de leur chaîne de valeur devient alors possible.



Ces indicateurs peuvent ensuite éclairer les décisions des gouvernements, des entreprises et des consommateurs en ce qui concerne l'utilisation ou la consommation des ressources naturelles ainsi que les mesures de compensation ou les comportements vertueux associés.


Par exemple, selon le modèle Globio, une prairie sauvage ou une banquise contiennent 100% de biodiversité. Alors qu’un espace agricole intensif ou un espace urbanisé n’en contiennent que 10%.


S’engager en tant qu’entreprise ?

Pour les entreprises qui souhaitent s’engager en faveur de la biodiversité, il est certain qu’une étude approfondie est nécessaire pour avoir une vision claire des actions à mettre en œuvre et de leur dimension financière.

Mais si l’exercice vise à simplifier l’approche des moyens à mettre en œuvre pour agir concrètement en faveur de la biodiversité, nous pouvons considérer qu’une entreprise devrait consacrer en moyenne entre 0,5% et 6% de son chiffre d'affaires annuel pour financer des mesures en faveur de la biodiversité.




Quel est le cadre juridique de l’impact des entreprises sur la biodiversité ?


La défense de la biodiversité s’exprime également dans la loi depuis la fin des années 1970. Deux textes promulgués en 2016 et 2017 font aujourd’hui référence en la matière.


Le devoir de vigilance (2017) est une obligation faite aux entreprises de plus de 5000 salariés) donneuses d’ordre de prévenir les risques sociaux, environnementaux et de gouvernance liés à leurs opérations.

Cette obligation peut aussi s'étendre aux activités de leurs filiales et de leurs partenaires commerciaux (sous-traitants et fournisseurs).


La loi sur la reconquête de la biodiversité, de la nature, et des paysages (2016) a pour ambition “d’éviter, réduire, compenser les impacts négatifs de certaines activités humaines sur l'environnement”. Cette loi intègre la contrainte environnementale à l’activité économique en consolidant les principes juridiques de “pollueur-payeur” tout en garantissant aux acteurs économiques un cadre stable et clair pour la poursuite de leurs projets.


Il existe un donc un risque juridique, sanctionné par des poursuites judiciaires en cas de conduite jugée “non responsable” ou dangereuse pour la biodiversité.




Comment agir en tant qu’entreprise ?


Comprendre, mesurer, agir en faveur de la biodiversité est dans l’intérêt des entreprises.


Intégrer la biodiversité dans les projets n’est pas toujours dans la culture économique et peut paraître complexe, mais réparer et compenser les dommages faits à la biodiversité coûte toujours plus cher que de prévenir et gérer, même si les deux approches ne s’opposent pas.


Le rôle des TPE et PME

De plus, les solutions peuvent être peu chères et faciles à mettre en œuvre, notamment chez les TPE et PME. Grâce à leur souplesse organisationnelle et leur ancrage dans le tissu économique local, elles ont un rôle très important à jouer en termes d’apports de solutions techniques pour préserver la biodiversité et se saisir de ces enjeux.


C’est également une opportunité pour communiquer sur les valeurs de responsabilité sociétale et d’impliquer tout ou partie de ses collaborateurs autour de projets qui ont du sens au-delà du cercle professionnel.




Conclusion


De manière générale, la biodiversité est rarement identifiée comme un risque

réel pour les acteurs économiques ; elle n’est en tout cas pas intégrée dans la stratégie d’affaires de l’entreprise ni comme une menace, ni comme une opportunité.


Pourtant, mesurer l’impact sur son environnement, c’est franchir une première étape dans la compréhension des enjeux économico-écologiques d’aujourd’hui et mieux préparer son entreprise aux contraintes de demain.



L’équipe Foresteam

passerelle d'ingénierie environnementale et opérateur de compensation



*Entreprises et Biodiversité : Tous concernés Février 2015

Synthèse du colloque organisé par CCI France, l’AFITE et la CGPME (aujourd’hui CPME), le 18 décembre 2014 à Paris.


** La comptabilité du capital naturel est le processus de calcul des stocks et des flux totaux de ressources et de services naturels dans un écosystème ou une région donnée



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